Le plan censé structurer l’offre de soins « pour les cinquante années à venir » (SIC !!!) ne répond pas à la crise aiguë que traverse l’hôpital public.
Sur le papier, le plan était ambitieux : améliorer la qualité des soins, répondre au malaise des soignants poussés à bout par la course à l’activité… Mais très clairement, les efforts, les annonces et les promesses de financement ont été concentrés sur la médecine libérale, dite “médecine de ville”, au détriment de l’hôpital.
Malgré la dénonciation depuis des mois du malaise grandissant au sein de l’hôpital public, et les différents suicides de soignants, la souffrance au travail n’a pas réellement fait partie du tableau. Le personnel soignant a eu le sentiment d’être oublié, tant en ville qu’à l’hôpital. Car en effet, RIEN sur nos conditions de travail !…
Et le pouvoir a jugé que les enjeux ne méritaient pas d’associer les principaux acteurs : les représentants des organisations syndicales et des diverses professions ont découvert les mesures la veille au soir de leur présentation.
La CGT continuera encore de lutter pour des soins de qualité accessibles à tous, et des conditions de travail dignes de ce nom !
Découvrez ci-dessous, les principales mesures point par point :
400 millions d’euros
Pour 2019, l’exécutif consent à augmenter les dépenses de santé de 2,5 %, alors que c’est 4% qui permettent l’activité normale. Et il s’agit d’une part infime au regard des plus de 200 milliards de budget santé, et à mettre en regard avec les 800 millions d’euros d’économies demandées en 2018 à l’hôpital…
À tous ceux qui espéraient un fort geste financier, Emmanuel Macron a tenu à rappeler que selon lui, le système de santé « ne souffre pas d’un sous-financement ! ».
Le professeur Grimaldi, à l’initiative de l’appel des 1000, répond « est-ce que ça va changer quelque chose pour l’infirmière sur son salaire ? Sur le nombre d’heures supp ? Pour la personne qui dort sur un brancard faute de lit ? On veut construire la médecine de ville mais on ne fait rien pour empêcher la destruction de l’hôpital. »
La Sécurité sociale va rémunérer un parcours de soins
Mais dans les faits, les difficultés à résoudre sont innombrables, et c’est l’usine à gaz.
Les maladies chroniques, par exemple, sont évolutives avec un protocole de soins qui change tout le temps. Qui définit le parcours ? Qui décide de la fréquence des rendez-vous ? Qui paye qui et combien ? Sans parler de la question des dépassements d’honoraires des spécialistes encore une fois laissée sous le tapis.
Le financement par « indicateurs de qualité »
Avec sur un système de notation des hôpitaux…. On retombe vraiment dans des politiques simplistes de mise en concurrence des établissements.
Tout en maintenant la tarification à l’acte, on rajoute des indicateurs de qualité. On soigne le mal par le mal plutôt que de s’attaquer à la racine.
Si les services hospitaliers ont les moyens de fonctionner, on n’a pas besoin d’indicateurs pour bien travailler !
Réorganisation du réseau des hôpitaux
Ils seront répartis en trois catégories. Le premier échelon du système, soins de proximité, sera occupé par 600 plus petits établissements, qui seront « réorientés sur des priorités ». Immanquablement, ces établissements perdront des services, et il faut s’attendre à voir à nouveau des blocs chirurgicaux et des maternités regroupés dans les plus gros établissements, afin de leur assurer une activité plus importante. De nouvelles normes seront mises en place pour définir quels services disparaîtront…
Le plan entérine le rôle central qu’occupent désormais les GHT
Pour piloter les établissements, fusionner les plateaux techniques, et …répartir le personnel. Ces mastodontes sont pourtant décriés, et pas plus performants sur le plan des économies financières.
À leur tête, les directions pourront avoir les mains plus libres sur la gestion du personnel, le statut du personnel soignant, et dans l’attribution de « primes d’intéressement collectif », distribuées par service.
Mesures spécifiques en direction de l’hôpital psychiatrique.
Au final, il s’agit d’augmenter le nombre de stages en psy pendant les études de médecine, et d’informer « plus largement le grand public » !…
Un programme qui laisse les professionnels sur le terrain plutôt amers. Manifestement, le gouvernement n’a pas pris la mesure de ce qui se passe en psychiatrie.
De nouveaux « assistants médicaux »
La mesure la plus spectaculaire réside dans la création d’ici à 2022 de 4 000 postes « d’assistants médicaux » dans les cabinets de médecins. Infirmières-secrétaires, sans notion de qualification. Ils seront chargés de gérer une partie des actes simples, comme la prise de tension ou de température.
Pour bénéficier du financement, les médecins devront s’engager à augmenter le nombre de patients suivis, mais aussi se réunir au sein de cabinets de groupe. Emmanuel Macron souhaite que « l’exercice isolé » de la médecine de ville « puisse disparaître à l’horizon de janvier 2022 ».
Le plan ne comporte par exemple aucune contrainte nouvelle de garde ni d’obligation d’installation dans les « déserts médicaux ».
Fin du numerus clausus
Cette règle, qui fixe le nombre de places pour les étudiants devrait être supprimée à la rentrée 2022. Mais cela ne réglera pas le problème de la démographie médicale et donc des déserts médicaux, a même convenu Agnès Buzyn…
L’objectif est de former plus de médecins, mais il est clair que la filière restera sélective, d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs, nul ne sait comment les facultés de médecine pourront accueillir les étudiants désireux de s’asseoir sur leurs bancs…